Collections/Fonds patrimonial Heure Joyeuse

La Grande Guerre patriotique à hauteur d’enfant : 1941-2021

A. STOVRACKIJ (texte), P. P. REPKIN (illustration). Зеркало (= Le miroir).Moscou, Commissariat du Peuple pour la santé, Institut central d’éducation à l’hygiène, 1941.

Le fonds patrimonial Heure joyeuse vous emmène dans les tumultes de l’histoire soviétique en cette rentrée, en vous présentant la Grande Guerre patriotique et le blocus de Leningrad à hauteur d’enfant.

Les ouvrages cités sont exposés en vitrine dans notre salle de référence de septembre à novembre 2021, parmi d’autres livres à découvrir sur place.

En septembre 1941 débute le Siège de Leningrad, qui ne prendra fin qu’en janvier 1944, en faveur de l’URSS malgré des pertes humaines civiles considérables. Ce blocus de 900 jours imposé aux Soviétiques par l’armée allemande s’inscrit dans le contexte global de la Seconde guerre mondiale, aussi appelée Grande Guerre patriotique en Russie, durant laquelle les auteurs et illustrateurs pour la jeunesse n’ont pas cessé leur production. En effet, 60 millions d’exemplaires de livres pour enfants ont été publiés, toutes maisons d’édition confondues, durant les années de guerre.

Nous vous présentons ici un échantillon d’une dizaine de ces documents, publiés dans les années 1940, à destination des enfants. Sous forme de brochures de petit format (aux alentours d’une dizaine de centimètres) très bon marché, ces livres ont été édités dans l’urgence avec des moyens financiers et techniques forcément restreints. Plusieurs d’entre eux ont été publiés à Tbilissi (Géorgie) ou Tcheboksary (ville de Tchouvachie, à 600 km à l’est de Moscou), alors que les grands centres d’édition étaient et sont toujours habituellement situés à Moscou et Leningrad (Saint-Pétersbourg).

A. DOVGAL’. скоро Гитлеру капут!. Книга 4 (= Livre 4. Bientôt Hitler kaput !). Tbilissi, Gruzhudožnik, 1942, 4 p., 11 cm. On peut y lire la dédicace « À mon petit Sacha de la part de Papa ».

Parmi ces documents, on compte 6 livres envoyés par un papa, parti combattre sur le front, à son fils, à qui il s’adresse dans ses dédicaces ; des histoires caricaturant les nazis ; d’autres invitant les enfants à se mobiliser, à prendre les armes, à venir en aide à leur père, à dénicher les espions. L’effort de guerre demandé aux enfants figure ainsi au cœur de La tirelire (1944), où une petite fille rêve de pouvoir offrir un avion à son père, pilote de guerre qui se bat contre les nazis, avec les 100 roubles qu’elle a amassés dans sa tirelire. Sa famille et ses camarades d’école viennent à son secours. Dans Le miroir (1941), un garçon face à son image s’interroge : comment partir à la guerre un jour s’il reste aussi chétif ? Il décide de changer son alimentation et de faire des exercices. Sa transformation physique est spectaculaire, il est fier de lui et se sent désormais capable de rejoindre un entraînement militaire pour être soldat et défendre son pays.

E. BELÂKOVA. Копилка (= La tirelire). Čeboksary, Čuvašgosizdat, 1944, 1 dépliant, 10 p., 11 x 16 cm.

A. STOVRACKIJ (texte), P. P. REPKIN (illustration). Зеркало (= Le miroir).

Moscou, Commissariat du Peuple pour la santé, Institut central d’éducation à l’hygiène, 1941,

16 p., 14 x 22 cm.

La satire des nazis est un autre motif qui transparaît par exemple dans Blitz-Fritzi : poèmes et dessins (1942), avec des textes de Samuel Marchak illustrés par Krukryniksy. Sous ce pseudonyme se cachent trois jeunes artistes engagés qui jouent sur la veine caricaturale. Ici se succèdent poèmes et dessins tournant en dérision les nazis en les présentant en train de ronger des os comme des chiens ou de faire les clowns.

S. MARŠAK (texte), KUKRYNIKSY (illustration). Блиц-Фрицы : стихи и рисунки (= Blitz-Fritzi.

Poèmes et dessins). Moscou, Leningrad, Detgiz, 1942, 30 p., 27 cm.

Finissons-en avec Barmaleï, du grand Korneï Tchoukovski avec des illustrations de Viktor Basov, offre une transposition de la guerre au pays du Docteur Aïebolit, personnage phare qui apparaît au cœur de plusieurs autres récits de l’auteur. Le pays d’Aïebolie, gouverné par le sympathique docteur Aïebolit, ami des animaux, est attaqué par celui de Sauvagie, gouverné par le redoutable Barmaleï. Heureusement, Vassia Vassiltchikov, habitant d’un troisième pays peuplé de héros, Miraculoslavie, arrive à temps pour sauver Aïebolie et exécuter Barmaleï. Cette histoire a été écrite en 1942 à Tachkent (Ouzbékistan), lors de l’évacuation des Juifs de l’Union soviétique en prévision de l’arrivée des troupes allemandes nazies. Russophones ou curieux-ses, vous pouvez en entendre une lecture commentée dans cette vidéo du Musée national d’histoire de la littérature russe Vladimir Dahl, rien de mieux pour se familiariser avec le rythme de la poésie de K. Tchoukovski !

Kornej ČUKOVSKIJ (texte), Viktor BASOV (illustration), M. R. HAKIMDŽANOV,

V. I. SAPOŽNIKOV (lithographie). Одолеем Бармалея (= Finissons-en avec Barmalei). Tachkent, Izd.-vo Sovetskij pisatel’, 1943, 55 p., 28 cm.

Des commémorations continuent à être rendues dans les années 1960 et encore aujourd’hui avec des fictions et des documentaires publiés en 2020, comme le roman Je dois rester vivante, de Lioudmila Nikolskaya, enfant à l’époque du blocus.

Lûdmila NIKOLʹSKAÂ (texte), Liza BUHALOVA (illustration). Должна остаться живой : повесть (= Je dois rester vivante. Roman). Saint-Pétersbourg, Moscou, Rečʹ, 2020, 252 p., 24 cm.

Bonne découverte !

Pauline Bourrilly

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