Action culturelle/Collections

Nos coups de cœur ciné 2022

2022 a signé pour notre plus grand plaisir un presque retour à la normale dans les salles obscures (on n’avait encore pas droit au popcorn en début d’année mais bon qui s’en plaindra???). Nous avons enfin pu retourner chaque jour si l’envie nous en prenait nous lover dans un fauteuil rouge et découvrir pléthore de nouvelles œuvres sur un vrai grand écran.

Vous avez donc de nouveau été invités à voter pour votre film préféré sorti cette année en salle sur le portail des bibliothèques. Et comme vous avez le droit de voter pour plusieurs titres, on vous donne plusieurs idées…

Clara : Annie Colère, Blandine Lenoir
Avec des personnages féminins bien écrits et très bien interprétés, on nous parle d’avortements illégaux mais pas clandestins organisés par un réseau d’association féministes luttant pour le droit à l’avortement justement. C’est à la fois une fenêtre ouverte sur une époque pas si lointaine, mais aussi une réflexion intéressante sur le droit des femmes à posséder leurs corps, qui fait malheureusement échos à la situation mondiale actuelle. Le tout avec beaucoup de tendresse et de pudeur. Une vraie réussite.

Carine C : La nuit du 12, Dominik Moll
Sous ses dehors de classique thriller policier décrivant un cold case, Dominik Moll signe son retour au film noir et glaçant. Dès le début, un encart nous prévient : cette affaire restera non résolue. Dès le début, on voit l’un des deux protagonistes à vélo, tournant encore et encore autour d’un stade, image des errances et des impasses de l’enquête à venir. Une jeune femme est retrouvée assassinée. On suit pourtant les interrogatoires successifs des 6 suspects et des divers témoins sans ennuis. Car à chaque échanges, on cherche en fait à comprendre le « pourquoi » de cet échec, et c’est bel et bien une toxicité masculine qui se dévoile, sans aucune outrance, par petites touches, à travers l’amusement des suspects, ou la détresse de l’amie qui constate que la vie sentimentale de la jeune victime est passée au crible. Les interprètes sont excellents et l’intrigue labyrinthique tire parti de l’environnement (une petite communauté de montagne) et d’une caractérisation subtile des personnages. On rit un peu aussi, mais, jaune.

Bernadette : The duke, Roger Michell
1961, Kempton Bunton, un retraité chauffeur de taxi dérobe à la National Gallery de Londres le portrait du Duc de Wellington peint par Goya. Du jamais vu ! Porte-parole des plus démunis, il entend faire valoir leur droit d’accès gratuit à la TV. Une histoire vraie et improbable qui relate l’unique vol de l’histoire de ce musée. Ce sera seulement en 2000 que la Grande Bretagne abolira la redevance pour les plus de 75 ans ! Roger Michell nous offre un casting délicieux et rocambolesque accompagné de dialogues remplis d’humour. Une comédie british légère et étonnante à découvrir pour passer un très bon moment !

Joseph : Decision to leave, Park Chan-wook
Un détective enquêtant sur la mort d’un homme en montagne finit par rencontrer et développer des sentiments pour la suspicieuse femme de ce dernier. Le film a gagné le prix de la mise en scène à Cannes, et le voir pour cette raison pourrait amplement suffire tant il est rempli de nouvelles idées, mais c’est également un des plus beaux films parlant d’amour sorti cette année. Tous les acteurs sont au diapason, particulièrement Tang Wei qui, avec sa performance, nous envoûte presque autant que le détective. Mention spéciale au chef décorateur Ryu Seong-Hie (Mademoiselle, Memories of Murder, Old Boy…) qui crée, comme à son habitude, un environnement juste et riche, plein d’échos aux propos du long-métrage.

Maxime : A plein temps, Éric Gravel
Ex-avocate, Julie, jeune mère célibataire, vit en lointaine banlieue parisienne. Sous le coup d’un violent déclassement social, elle court après le temps pour se rendre en temps et en heure dans le grand hôtel parisien où elle exerce son travail de cheffe de rang des femmes de chambre. Sa tâche est évidemment compliquée par une dure grève des transports, et chaque minute de retard engendre un surcroît de pression et de discrédit dans l’emploi qu’elle occupe. On a beaucoup vu Laure Calamy cette année, mais elle excelle particulièrement dans ce film pour le moins haletant. Un film très moderne qui donne à voir ce que tout le monde (ou presque) peut observer dans son quotidien : l’intensification sans précédent du travail.

Clara : Belfast, Kenneth Branagh
Un film en noir et blanc qui rappelle par sa maitrise visuelle les chefs d’œuvre des débuts du cinéma, mais qui raconte avec beaucoup de douceur et d’humour la guerre civile irlandaise du point de vue d’un petit garçon. Kenneth Branagh livre une œuvre largement autobiographique et très réussie, notamment grâce au casting impeccable. Car ce n’est pas toujours facile de trouver des enfants acteurs qui peuvent porter un film. À voir absolument en VO pour profiter des accents. (Pensez à mettre des sous-titre par contre).

Carine G : After blue (Paradis sale), Bertrand Mandico
Roxy et sa mère Zora vivent sur une planète sauvage parmi une communauté exclusivement féminine. Un jour Roxy, prise de pitié, libère une criminelle ensevelie sous le sable. Bannies à leur tour pour ce geste, elles sont condamnées à errer dans les plaines désertiques pour traquer la meurtrière. On arpente avec elle ce pays futuriste où règne le danger et où seules les femmes ont survécu. Dans cette aventure post-apocalyptique à l’esthétique très eighties, les armes portent le nom de grands couturiers, la sexualité féminine est omniprésente, les couleurs pastels dominantes. Quel soulagement et quel plaisir de voir sur nos écrans une œuvre originale, onirique, exubérante, dérangeante, bien loin des clichés de l’époque.

Ingrid : Icare, Carlo Vogele
Un très bon film  autant par la qualité de son animation que son histoire passionnante, universelle. Tous les bons ingrédients y sont : du tragique, de la poésie, de l’amitié, des personnages captivants… Une réalisation menée de main de maitre qui ne laissera personne indifférent qu’on soit petit ou grand.

Claire-Marie : Nightmare Alley, Guillermo del Toro
Deuxième adaptation du roman Le Charlatan de William Lindsay Gresham (la première datant de 1947), Nightmare Alley nous raconte l’histoire de Stanton Carlisle, homme à tout faire dans un cirque, hanté par ses démons. Rusé et charmeur, il devient vite le numéro sensationnel du spectacle et convainc Molly, l’une des artistes dont il tombe amoureux, de partir à New York avec lui pour exercer leurs talents et escroquer les plus riches. Mais lors d’une représentation le docteur Lilith Ritter (géniale Cate Blanchett !), découvre la supercherie et tente de les exposer en direct… Stanton Carlisle est loin d’être un personnage attachant et bienveillant, à l’inverse de Molly qu’on voudrait sauver de l’emprise de son amant. On reste néanmoins tiraillé entre l’envie de le voir réussir à berner tout le monde (pour que Molly puisse s’en sortir elle aussi) et l’attente interminable de quelqu’un qui lui fera enfin payer pour ses crimes et escroqueries. Un très bon film noir doublé d’un excellent casting.

Héloïse : Trois nuits par semaine, Florent Gouëlou
Juste dose entre réalisme et merveilleux, Trois nuits par semaine est tout simplement d’une beauté époustouflante. Beauté des images d’abord, qu’elles nous propulsent dans l’univers esthétique des Drag avec beaucoup de douceur et de bienveillance (le réalisateur s’inspire de sa propre expérience) ou nous fassent découvrir l’envers du décor, moins pailleté mais débordant du même amour. Tout est sublimé car vu à travers les yeux d’un jeune photographe, d’un garçon amoureux surtout. Beauté des cœurs aussi, ceux de tous ces personnages tendres et attachants, désirants et désirables qui ont chacun droit à leur profondeur et leur complexité. Pablo Pauly n’a jamais été aussi lumineux et son sourire irradie le film de bout en bout.

Audrey : La conspiration du Caire, Tarik Saleh
Adam, fils de pêcheur, intègre la prestigieuse université Al-Azhar au Caire. Le jour de la rentrée, le Grand Imam responsable de l’institution, meurt. Sa succession à la tête de l’université la plus célèbre du monde musulman, lieu de pouvoir et de savoir, nous plonge dans les jeux d’influences des élites politiques et religieuses. Adam se retrouve malgré lui au centre d’enjeux puissants, de duplicité et de machinations, reflets des problématiques contemporaines du pays. Nous sommes happés tout autant qu’Adam et les autres personnages, interprétés brillamment et avec conviction, dans ce film passionnant, oppressant et beau.

Héloïse : Bullet train, David Leitch
Si on cherche dans le dictionnaire la définition de « comédie d’action efficace et réussie » on devrait tomber sur 2 mots: bullet. train. On est d’accord, David Leitch n’a pas réinventé l’eau chaude, un film en huis clos dans un train ça existe déjà, un divertissement coloré et plein de cascades au casting 5 étoiles aussi. Et pourtant ça fonctionne, on se prend à rire aux gags visuellement bien construits, aux dialogues tranchants et à un comique de répétition assumé. Dynamique sans être brouillon, plutôt bien mis en scène dans son genre, porté par une bande-son assez jouissive et des comédien·nes qui s’en donnent à coeur joie, on aura tort de se priver de ces 2h de joyeux bordel!

Et bien sûr comme chaque année, on aurait aimé vous parler de quelques autres: Les jeunes amants, Everything everywhere all at once, Nope, I’m your man, Eo, Les enfants des autres… Vite, vite, il ne vous reste que quelques jours pour voter !

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